par Franck » Lun Oct 13, 2008 8:48 pm
Je ne pensait pas que la journée "sans ma voiture" avait autant d'impact
En loisirs, c’est le vélo, en transport, c’est l’auto (3 de 3)
Eric Malka
L'Œil Régional - 4 octobre 2008
Actualité > Environnement
Si on compare les calories brûlées par un cycliste à l’énergie nécessaire pour déplacer un automobiliste, la différence est frappante. Pour une dépense similaire d’énergie de 100 calories (on plutôt Kilocalories), une automobile s’immobilisera après 85 mètres alors qu’un cycliste franchira la barre des 5 000 mètres. Évidemment, une auto avec cinq occupants ou un train bondé a un meilleur bilan de consommation d’énergie par occupant qu’un automobiliste en solo.
En fait, alors qu’un vélo a besoin de 18 Kcal pour propulser son occupant sur 1 kilomètre, une voiture avec cinq occupants dépense 110 Kcal par occupant, donc six fois plus. Chaque passager d’un train exige 90 Kcal d’énergie pour effectuer le même kilomètre, ce qui se rapproche d’une voiture bien remplie, mais sa dépense est encore 5 fois plus lourde que celle d’un cycliste. Même un marcheur, qui dépense 50 Kcal par kilomètre, tout en étant plus efficace que tous les modes de transport motorisés, ne rejoint pas le cycliste. Le vélo est tellement efficace, qu’un seul dessert sucré, disons une boîte de «Glosettes aux arachides», peut le propulser sur 14 kilomètres.
Cette efficacité du vélo se solde aussi par une réduction de la pollution. Prenons le cas du Québec et de l’essence économisée en pédalant plutôt qu’en conduisant. Sur les deux milliards de kilomètres que nos cyclistes pédalent chaque année, 330 millions sont des déplacements de transport, plutôt que des randonnées de loisir. En l’absence du vélo, on estime que sur ces mêmes 330 millions de kilomètres, 80 % auraient été effectués en automobile, nécessitant une dépense de 30 millions de litres d’essence. Pour le Québec, l’équation de base est simple: pour chaque 1 % de réduction de l’utilisation de l’automobile au profit du vélo, on économise 80 millions de litres de carburant. Évidemment convertir ce 1 % de nos transports «auto» en faveur du vélo est un défi de taille pour notre société. Mais rien d’impossible puisque plusieurs pays ont déjà franchi le cap du 10 %.
Bien plus que l’économie de ces 80 millions de litres d’essence, la réduction de l’utilisation de la voiture est un gage de qualité d’air. Pour en mesurer l’ampleur, prenons la «journée sans ma voiture». Chaque année, lors de cet événement, le centre-ville est fermé aux véhicules de 9 h 30 à 15 h 30. Durant cette période, les taux de CO2 et d’oxyde d’azote (NO) baissent de 90 % comparativement aux concentrations mesurées à l’extérieur du périmètre fermé aux véhicules. De plus, les mesures du niveau de bruit confirment ce que beaucoup ont constaté durant cette journée: le bruit est en baisse de 10 fois en comparaison de la veille. Cette pollution ambiante est loin d’être sans effet, car selon une étude française, le nombre de décès journaliers est directement lié au niveau de polluants gazeux et particulaires dans l’air que l’on respire depuis les 48 dernières heures. Ainsi, dans nos villes comme en France, plus on roule en auto, plus la mortalité augmente. Rien que l’on ne savait pas déjà…
Ainsi, peu importe comment on regarde l’équation, que ce soit en termes de pollution atmosphérique, de bruit, de consommation d’énergie, de coût ou de sécurité, il est difficile de trouver une solution aussi complète que le vélo. Pourtant, la facilité et le manque de temps nous font trop souvent choisir notre automobile. Et le vélo, plutôt que de prendre la place logique qui lui revient comme moyen de transport, demeure encore une activité de fin de semaine. Et cette place qu’on fait au vélo se reflète évidemment dans les choix politiques et donc dans le type de réseau cyclable que l’on développe. Bref, dans nos loisirs, on parle de vélo et on fait du vélo. Mais dans nos transports, on parle de vélo mais on choisit l'auto.
Drinker with a biking problem